Pourquoi écrire ?
C'est souvent que je me pose cette question, que je
me demande la légétimité de cet acte, les "risques"
associés Quand je vois la masse de livres que les bibliothèques
contiennent, c'est avant tout "ne pas écrire" qui me vient à
l'esprit; et je veux m'y tenir., et pourtant j'écris !
Pourquoi vois-je les bibliothèques si négativement
? j'y séjourne pourtant de bien longs moments, parfois agréables
même, et je ne me prive pas d'y retourner très régulièrement
? Oui, d'une certaine manière je ne peux me passer de fréquenter
les bibliothèques et de lire les ouvrages que j'y trouve (un livre
par semaine en moyenne (?)). Pourquoi ? parce que j'ai le sentiment que
le développement des bibliothèques s'est fait de façon
anarchique (et le terme n'est pas le bon, il ne comporte pas de jugement
sur le modèle politique de l'anarchie, mais signifie ce que d'habitude
la culture associe avec le mot "anarchie" vidé de l'essentiel de
son contenu, c'est à dire "en dépit du bon sens") comme si
l'on voulait perdre le lecteur, l'empecher de découvrir ce qu'il
cherche, et lui faire perdre son temps (car je garde l'espoir optimiste
que les bibliothèques renferment tout de même ce que tout
un chacun recherche(il se peut toute fois que l'on ne puisse trouver ce
que l'on recherche qu'au prix de la recherche elle-même (et que ce
soit au contact de ces livres que l'on ne recherche pas, de ces idées
qui ne sont pas les réponses que l'on cherche, qu'au fur et à
mesure, on trouve, apprenne à apprécier les solutions de
l'altérité (mais dans l'ignorance du lieu de la vérité,
je préfèrre faire comme si l'objet de notre recherche peut
nous apparaître à la première lecture sans avoir à
faire un long cheminement parfois exaspérent et ayant les signes
de l'erreur (et là je crois retrouver un principe qui m'est chèr,
il faut que les choses soient au premier degré ce qu'elles parraissent
être, croire à une face cachée qui se dévoilera
par la suite, c'est programmer une plus longue route, c'est ma manière
de dire "ici et maintenant", les choses doivent être "ici et maintenant"))))).
Alors, pourquoi écrire quand même, et comment écrire
?
S'il ne faut pas trop chercher à écrire
pour tout le monde, il est par contre tout à fait louable de vouloir
écrire pour quelques'un(e) (ici le "(e)" prends son sens, car parfois
ce sont quelques une, parfois seulement quelques uns sans aucune une, parfois
(le plus souvent), seulement quelqu'un ou quelqu'une (dans la recherche
d'universalité, ce ne peut être "(e)" car l'on écrit
pour le neutre, pour une masse informe, ni masculin, ni féminin)).
La forme naturelle pour cette écriture, n'est pas la littérature
(cette forme d'écriuture qui occupe la majeure partie des bibliothèques)
mais le billet ou la correspondance, encore mieux, l'échange épistollaire
(qui n'encombre pas les bibliothèques, mais qui occupe parfois quand
même quelques rayons, est-ce à en contradiction avec mon "rejet"
de la bibliothèque ? (non pas forcément, car les lettres
qui se trouvent en bibliothèques ne se trouvent pas dans leur milieu
naturel ... (mais bon, je ne rejette pas les bibliothèques de manière
si nette et uniformement)))
Autant je me méfie, j'ai des réticences
et appréhensions vis à vis de la littérature, autant
je tiens l'échange épistolaire pour quelque chose de bien
et j'ai envie de l'encourager et le développer autant que je peux.
Les correspondances ne sont pas sans défauts, mais exempts dans
une certaine mesure de ceux que je signalais plus haut pour la littérature.
Le contexte est plus riche, le texte y gagne en sens. Il s'enrichit de
toute la relation qui unit le lecteur et celui qui écrit. Par ailleurs,
il est la création de deux personnes, agissant presque ensemble,
et non dans une complète solitude.
La suite peut sembler étrange à certains,
pour moi, pas. Comme on fait lire les lettres que l'on reçoit ou
que l'on envoie assez facilement à ses proches, ou très proche,
on peut imaginer de faire lire ce courier à à peu près
n'importe qui ... d'où l'utilisation du web pour faire partager
aux deux-trois personnes des pages ou lettres et même transformer
des lettres en pages pour ces deux-trois là. Ces deux-trois pourront
aussi bien les lire, et d'autres aussi, qui par la suite seraient en fait
devenus comme ces deux-trois là.
Dans les bibliothèques, comme je disais,
il y a des corespondances, et des journeaux intimes et la parution de ces
oeuvres n'a pas toujours été organisées par des mains
extérieures, certaines apparaissent comme un genre littéraire,
et d'autres encore comme un soucis de transparence de la part d'un individu
Qu'est-ce qu'il y a sous-jacent encore à dire ?
Que le danger de vouloir faire de la litterature est
toujours présent, et qu'il faut l'éviter. L'écrit
doit se penser comme une lettre entre deux individus, avec la sincérité
que cela permet (c'est un point positif) et les références
de l'univers partagé par le lecteur et celui qui écrit (ce
peut être un point négatif, interdire toute lecture en dehors
de ce liens particulier qui unit le lecteur et celui qui a écrit
pour lui)
Que le soucis de transparence et de sincérité
est ici à la limite de l'impudeur, que cette impudeur était
légitime pour l'auteur litérraire qui se pretait à
un jeux (de toute façon il avait depuis longtemps accepté
de perdre en partie le cote privée de sa vie) et que même
sincert, en contre-partie, il ne pouvait plus du fait de ce jeux ne pas
être pris pour jouant (il a perdu le droit à une complète
sincérité, un doute toujours persiste avec lui).
Qu'il y a un espoir (de l'ordre du fantasme), qu'ainsi,
en rendant publique ce qui d'habitude reste privé, l'on puisse acquérir
avec des inconnus bien intentionnés une complicité qui, sinon,
aurait mis beaucoup de temps à s'établir. (le raisonnement
est peut-être le suivant, puisque d'habitude le privée est
reservé à un entourage proche avec qui on se sent des affinité,
et que ceux qui y accedent sont nos amis, si on rend la chose accessible
a n'importe qui, n'importe qui devient notre ami. Je crois que c'est une
forme classique de raisonnement logique antique (et erroné, malheureusement))
Qu'il y a peut-être là une lutte contre
la solitude et l'isolement qu'entrainent les conventions sociales usuelles
et contemporaines qui met une barrière à l'exposition de
la vie privée. Je me demande s'il on peut imaginer une société
moins pudique, pourquoi celle-ci l'est tant (vraiment).
Qu'il y a derrière tout ça quelque
chose de fusionnel, et que l'on peut voir là l'explication de tout
cela: à partir du moment où l'on est fusionnel, il peut ne
pas y avoir de limite à notre envie de fusionner, que ce soit avec
ses plus proches ou avec des gens plus loin.
une remarque, tout de même, je ne suis jamais allé au delà
de la publication de page tirées de lettres qui étaient écrites
des le depart dans cet intention (et qui n'étaient "lettre" en permier
que par commodité, cette page est la première que j'écris
dans ce principe mais en inversant la chronologie, c'est à dire
en écrivant la page avant la lettre)
Page créee par Denis
en Avril 1999.