Problème Malheureusement, ce qu'il avait vu ce jour-là, quelques jours plus tard il l'avait oublié, ou presque. Il avait beau avoir vu son erreur, il n'avait pas encore complètement changé, il était toujours en grande partie dans l'erreur. Aussi, le jour où il dû trouver un travail, il chercha à réaliser son ancien rêve "trouver un travail qui réalise son bonheur". Et il n'y arrivait pas parce que son bonheur semblait victime de ses recherches. Il existait bien des métiers qui le rendraient sûrement heureux, mais ces métiers n'étaient pas pour lui, pour une raison ou une autre. Cela le rendit profondément malheureux.
Résolution Heureusement, il se rappela ce qu'il avait vu et s'interrogea. Pourquoi était-il en train de chercher un travail qui réalise son bonheur puisque bonheur et travail n'entretenaient pas des liens aussi explicites et que le bonheur pouvait être atteint par d'autres chemins. Jusqu'ici il s'était fixé sur un travail particulier, en dépit de conditions très strictes de recrutement attachées à ce métier, parce qu'il devait réaliser son bonheur ("devait" mais ce n'était pas une certitude, seulement un "on-dit") Et d'une certaine manière il désespérait de ne pouvoir atteindre son bonheur s'il n'atteignait pas ce métier. Mais, il se rappela sa vision, et cela l'apaisa. Si ce métier n'était pas possible, en fait ce n'était pas si grave, le bonheur ne lui était pas interdit pour autant, puisque bonheur et travail ne sont pas strictement liés. Enfin, il put penser au choix d'un autre travail le cœur léger, d'un travail qui lui serait plus facile d'obtenir. Le bonheur existait ailleurs, bien sûr, maintenant il s'en rappelait. Mais ses peines n'étaient pas finies. Il avait réussi à abandonner l'idée de ce premier métier presque impossible et qui allait sûrement le décevoir puisque le plus sûrement, il lui serait refusé.
Chute Mais il continuait à chercher un autre métier avec pour principal critère de recherche, le bonheur. Et très sûrement il allait au devant de nouveaux obstacles à cause de cette même erreur.
Moralité
Vraiment, nous changeons lentement, même quand nous découvrons
nos erreurs, elles continuent à nous habiter longtemps, et se trouvent
cachées dans nos comportements. Nous pouvons sauter de joie en changeant
un de nos comportements entaché d'erreurs, et l'instant suivant
choisir un second comportement de remplacement aussi entaché de
cette même erreur. Vouloir bannir une erreur, c'est... dur !
La première, honnête,
est récente, c'est ce que j'ai cru entendre d'une interview de Lars
Van Triers. Lars Van Triers disait qu'il voulait rénover le cinéma,
lui donner une éthique, une déontologie. En particulier,
l'un des points qu'il proposait, pour le réalisateur, c'était
de devoir proposer à ses acteurs des moments, des scènes
où ils seraient vrais. Peut-être un peu plus même, il
demandait aux réalisateurs de construire des scènes ou les
acteurs nécessairement seraient vrais, ne pourraient mentir ou jouer.
Et à l'appui de ses dires, le reportage présentait la bande
annonce de son dernier film "Breaking the waves" en contradiction avec
certains des principes que Lars Van Triers avait édicté pour
les réalisateurs (dont il fait parti), mais qui contenait ces images
que je veux associer à ce qui précède : une femme
sur les rochers face à la mer, dans les embruns, hurlant, en réponse
à la violence de la mer qui éclaboussait jusqu'à l'actrice.
D'une certaine manière, l'actrice ne pouvait jouer, elle était
en face de la mer, à recevoir sa violence, ces gerbes d'eau, d'écume,
de rage, dans le brouhaha du choc des vagues qui s'écrasaient sur
son rocher, et qui couvraient les cris trop faibles, poussaient au hurlement.
Il y avait dans cette image de la vérité, de la beauté.
La seconde concerne une idée ancienne, de longue date, de longues réflexions, inachevées. Les images de femmes dénudées ont parfois une force qui va au-delà de la simple énergie de la libido, de l'érotisation, de la pornographie qu'elles véhiculent. Il arrive que l'œil s'arrête plus sur le visage que sur les seins, le ventre ou le sexe, et alors même si les attributs de la sexualité restent dans le champ de vision, à la périphérie du regard, c'est bien un individu que l'on a en face de soi, dans sa nudité un instant oubliée, et il y a une force étrange, un charme inattendu qui prend l'observateur. C'est même parfois plus clair que dans la photographie classique du portrait. N'est-ce pas là l'idée de Lars Van Triers ? Placée en situation où le mensonge n'est plus possible, car rien ne peut être caché, l'actrice devant l'objectif doit être vraie, et acquiert une force qu'elle n'aurait pas autrement. Le plus souvent dans cette vérité, c'est l'ennui (au sens fort du terme), la crainte, le retrait qui s'exprime, mais parfois, ce sont des sentiments, des émotions plus positifs, le sentiment d'être belle, de désirer, d'être plein de vie, de jouer, de bonheur. Quand c'est le cas, la photo se dépasse. Est-ce dû à la nudité ? D'une certaine manière cela y contribue, vraisemblablement.
À propos, il y a corollaire, orthogonale, la question de savoir si l'on veut plus d'émotion, de vérité qui passent dans l'image, toujours plus, ou enfin un peu d'émotion, mais vraiment de l'émotion, enfin ! plutôt qu'un regard blanc. Lire plus ou moins ci-dessous.
C'est complexe, entre retenue et exubérance, l'essentiel est peut-être ailleurs, dans la vérité de la matière, mais c'est affaire de jugement personnel, alors que retenue et exubérance sont mesurables.